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Collection Océanienne
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Muséum d'Histoire Naturelle (Perpignan)

 

Les objets ethnographiques océaniens du Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan ont été étudiés et catalogués en 1988, alors qu'ils se trouvaient encore dans les réserves du Muséum. Un inventaire préliminaire de ces collections, accompagné d'une étude historique, avait déjà été réalisé par le Dr Jacqueline Exbroyat et publié dans le bulletin de l'Association des Conservateurs des collections publiques de France (N° 178, 1988, I, pp. 29 à 37). Depuis, ces objets sont exposés dans deux vitrines d'une salle élégamment rénovée qui a été inaugurée le 15 février 1989 à l'occasion d'une "journée d'études océaniennes" organisée et présidée par le Professeur Robert Bourgat, conservateur du Muséum.

La collection mélanésienne comprend de belles pièces, en particulier une série d'armes provenant de Nouvelle-Calédonie. Les objets polynésiens sont plus disparates, mais ils sont intéressants autant par les questions qu'ils soulèvent que par leur valeur propre.

Il n'existait pas, au Muséum, d'inventaire ancien ou d'étiquettes attachées aux objets et l'histoire de ces collections restait donc hypothétique. Depuis, [...] le dépouillement d'un lot de vieux documents a livré un manuscrit de L. Companyo datant de 1845, adressé au Maire de Perpignan, faisant état d'un don fait par Amadis, attaché à l'expédition Dupetit-Thouars dans l'Océanie, et qui comprenait :

- 2 grandes flèches, l'une d'elle armée d'un trident en fer
- 4 flèches plus petites
- 2 arcs
- 2 roseaux armés d'une pièce en bois de fer servant à exercer les insulaires au combat
- 3 grands casse-tête en bois de diverses formes
- 1 plus petit sculpté et bien travaillé
- 2 supports d'échasses sculptés
- 1 bateau
- 1 perruque
- 1 collier en os de poisson
- 1 défense de narval travaillée

Dans ce même document, on peut lire que Henry, ex-bibliothécaire, dès son arrivée à Toulon, a envoyé au Muséum 5 objets curieux provenant de l'Océanie. Ce sont des "meubles et ustensiles dont l'usage n'est pas très bien prononcé".

Beaucoup des objets de cette liste proviendraient de Mélanésie. Mais "les deux supports d'échasses sculptés" sont incontestablement d'origine marquisienne et font encore partie des collections polynésiennes du Muséum. Il parait donc possible de faire remonter l'acquisition de ces deux objets aux voyages de Dupetit-Thouars dans le Pacifique. Mais comme nous n'en connaissons pas la date précise, il reste des incertitudes sur les conditions de cette collecte. En 1838, sur la Vénus, Dupetit-Thouars avait visité les Marquises, ainsi que d'autres îles, en particulier dans l'archipel de la Société. Pourtant, aucun objet polynésien du Muséum ne témoigne du passage de la Vénus aux Hawaii, à l'île de Pâques ou en Nouvelle-Zélande. Il parait plus probable que les étriers d'échasses ont été obtenus par échange ou en cadeau au cours d'un séjour plus long aux Marquises.

A la fin du mois d'avril 1842, le Contre-Amiral Abel Aubert Dupetit-Thouars qui commandait la Reine Blanche était arrivé aux Marquises, sur ordre du roi Louis-Philippe, pour prendre possession de l'archipel. Le nom du donateur des pièces marquisiennes, Amadis, n'apparait pas au bas des actes de cession à la France de chacune des îles, parmi les signatures des principaux officiers ou responsables qui accompagnaient Dupetit-Thouars. Il ne fait pas partie non plus de l'état-major des navires qui vinrent aux Marquises renforcer le corps expéditionnaire commandé par Dupetit-Thouars. Une partie des officiers et des artilleurs de marine transportés par ces bâtiments installèrent à Nuku-Hiva une base militaire sous le commandement supérieur du capitaine de corvette Collet. En 1844, celui-ci fut remplacé à la direction du fort Collet par Amalric, Chef de bataillon d'artillerie de marine, qui eut à faire face à un soulèvement des Marquisiens, conduits par le chef Pakoko qui s'était réfugié dans la montagne. Marins et militaires assurèrent ainsi une présence française jusqu'à l'arrivée des administrateurs civils et ils eurent l'occasion de recueillir de nombreux témoins de la culture matérielle des Marquisiens. Ceux-ci se trouvent maintenant en grand nombre dans les collections publiques.

Dupetit-Thouars avait été nommé commandant en chef de la station navale du Pacifique, mais après son départ des Marquises, ses projets d'annexion de Tahiti et les difficultés qui en résultèrent, l'avaient empêcher de naviguer d'avantage à travers l'Océanie. Il est vrai qu'à cette époque, à Tahiti et même aux Marquises, on pouvait trouver des objets provenant d'autres régions du Pacifique, en particulier des armes des Fidji. Le casse-tête "plus petit, sculpté et bien travaillé" de la liste des dons Amadis correspond peut-être à celui du Muséum. Mais, l'origine des autres pièces, dont une partie se trouve au Muséum, reste bien difficile à déterminer.

La suite des documents qui concerne cinq objets curieux provenant de l'Océanie, "des meuble et ustensiles" dont l'usage n'était pas connu, pourrait avoir quelque rapport avec d'autres objets marquisiens du Muséum, ou ceux de Tahiti, des Australes et de Futuna, mais ces renseignements non datés sont trop imprécis pour apporter la moindre certitude.

L'histoire des collections polynésiennes du Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan reste donc incomplète. Mais si, dans une nouvelle perspective qui donne quelque vraisemblance à cette hypothèse, on considère que la collecte des pièces a été contemporaine de l'établissement dans le Pacifique d'une présence française régulière, navale et militaire, cet ensemble d'objets qui paraîssaient assez disparates, prend une certaine cohérence. On peut penser que la plupart de ces objets ont été fabriqués avant 1850 et, pour les plus récents d'entre eux, peu avant la disparition d'un artisanat traditionnel authentique.* 

* LAVONDÈS Anne - Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Perpignan, n° 4, 1994 : pp.3-12
 

 

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